Nous publions la quatrième partie du partage de Indigo, portant sur le dessin du pantin en bois et de l’application de la perspective. (Lire aussi les trois premiers articles : Intro au Royaume de Pantin, La mise en scène de Pantin ainsi que Pantin et perspective)
Les principes de perspective ont inévitablement leurs limites – n’étant pas une science exacte – mais ils m’aident à m’apercevoir que je ne dessine pas toujours ce que je vois, dessinant plutôt l’idée de ce que je crois voir.
Ici, j’ai dessiné un cube de face selon ce que je « sais », c’est-à-dire que tous ses côtés et angles sont égaux. Je l’ai donc dessiné avec ses côtés et angles égaux… et pourtant il a l’air d’être trop long et plus large vers le fond, comme s’il s’élargissait. Pourquoi? Tout simplement parce que ce n’est pas la réalité de ce que l’œil « voit » habituellement.
En fait, l’effet de perspective donne l’impression d’être plus étroit et plus court en s’éloignant, comme le témoigne cette photo…
…des cubes n’ont plus l’air d’être des cubes, lorsqu’en fait ils sont dessinés avec leurs mesures réelles, sans effet de perspective, comme ci-dessous.
Et voici les mêmes cubes auxquels j’ai appliqué le premier principe de perspective :
Je « sais » aussi que les 2 bras de Pantin ont la même longueur. Alors j’ai tendance à les dessiner avec la même longueur même si en apparence, par un effet de perspective, ils n’ont plus la même longueur. Le résultat étant évidemment qu’un bras dessiné sans son effet de raccourci paraît beaucoup plus long qu’un bras normal.
Ce que je peux aussi facilement vérifier et corriger à l’aide des principes de perspective, ce sont les erreurs causées par différents point de vue dans un même dessin, alors que celui-ci représente normalement un seul champ de vision.
Dans cette petite esquisse, j’ai fait plusieurs erreurs, essayez de les trouver :
Il y a plusieurs points de vue dans ce dessin (comme par exemple le premier verre et la bouteille sont vus du dessus alors que le niveau des yeux pour la boîte et le deuxième verre semble être à leur base). De plus, le deuxième verre n’est pas cohérent avec lui-même, car si la ligne du niveau des yeux était vraiment à sa base, le dessus du verre et la ligne délimitant le liquide devrait alors s’incurver légèrement vers le bas. Le bouchon de la bouteille devrait être vu d’en haut comme la bouteille, et l’étiquette devrait normalement suivre la courbe de la bouteille. le liquide du premier verre est quelque peu indécis.
Voici la correction (à peu près) en rouge…
en décidant que la scène est vue du dessus :
Et voici mon dessin corrigé :
Avec Pantin, je peux aussi faire l’erreur de dessiner des parties vues selon des angles différents, ce qui donne un effet bizarre sans que je comprenne toujours pourquoi…
…à moins de faire une vérification grâce à quelques principes de bases :
- Délimiter de point de vue, donc le niveau des yeux de l’observateur
- Visualiser les partie du corps à l’aide de boîtes ou de cylindres (ici vus d’en haut)
- Prendre l’habitude de « voir » comme en transparence… et même de l’esquisser
(Je sais qu’il y a beaucoup d’autres petites erreurs non corrigées… mais bon… je ne serais pas ici à faire ce petit chemin si je savais bien dessiner.)
Un bon exercice pour s’habituer à voir en transparence… est de dessiner des verres… transparents.
Il est important cependant de les dessiner d’après nature, et non d’après imagination, ni même d’après photos ou dessins.
Pour mieux comprendre la perspective des cylindres, je peux les « mettre en boîtes » :
Je commence par faire un dessin de boîtes en perspective
Puis je dessine – toujours en perspective – les lignes en transparence
Ensuite je dessine les lignes, en transparence toujours, d’un liquide
À l’intérieur des boîtes, je peux alors dessiner les verres d’eau. Cela semble pas mal compliqué pour pas grand-chose, surtout lorsque c’est tellement plus simple de dessiner directement les verres; mais faire cet exercice m’aide à comprendre et à « voir », et de plus, c’est directement applicable dans le dessin du corps. J’y reviendrai d’ailleurs une autre fois plus en profondeur… et plus clairement.
J’ai dessiné pendant des années d’après photo, copiant aussi fidèlement qu’il était en mon pouvoir… mais sans pour cela apprendre à « voir ».
Il est donc important pour moi de dessiner d’après nature, car puisque la photo comme le dessin se révèle sur une surface plane, la déformation causée par la perspective y est déjà imprimée… et je n’ai plus qu’à copier sans nécessairement comprendre ce que je dessine.
La plupart des explications que je précise ici sont d’ailleurs complètement inutiles pour ceux qui « voient » l’effet de la perspective; pour moi elles sont essentielles, car à défaut de « voir », il m’est nécessaire de comprendre pour continuer à dessiner!
La pratique de la prochaine étape se fera sur la perspective oblique – perspective à 2 points de fuite.
Dessiner la vie 